« A voiceless song sang from within, singing:
... ‘the morn is breaking’. »
(James Joyce, Ulysses. The corrected text. Pinguin Books, p. 216)
Alors que James Joyce était déjà très avancé dans son "Work in Progress", il chérissait un secret espoir: quand il sortirait de la nuit noire de "Finnegans Wake", sa fille, elle aussi, s’échapperait des ténèbres (de sa schizophrénie) (1). Il supposait à Lucia le don de télépathie ("clairvoyance" en anglais). Joyce liait donc la maladie de sa fille à l’écriture de son oeuvre. C’est sur la base de l’imbrication des symptômes du père et de sa fille que Lacan formule sa thèse nosologique sur l’auteur irlandais. Dans une leçon du Séminaire "Le Sinthome", que J.A. Miller a intitulée « Paroles imposées », Lacan affirme: « À l’endroit de la parole, quelque chose lui était imposé (2). » D’après Lacan, l’imposition de la parole se fit de plus en plus pressante au cours de la vie du poète. Il y répondit par une radicalisation progressive de son écriture entre le "Portrait de l’artiste..." et "Finnegans Wake", trajet qui passait par "Ulysse".